La méthodologie des sciences juridiques et des sciences sociales
La méthodologie des sciences
juridiques et des sciences sociales.
v Introduction
générale à l’enseignement et de la méthodologie :
- Méthodologie
– Définition de méthode/ Sciences sociales/ Champs des sciences sociales.
- Techniques
d’investigation en sciences sociales et recherches :
Jacques Beaugrand (en définissant la connaissance) qui fait constater que
la connaissance d’une manière générale demeure hypothétique, plutôt que
finale... Elle est constamment corrigible. Les solutions que propose la science
ne sont que partiellement vraies, elles ne sont jamais considérées comme complètes et finales. La science est
une tentative, un essai continuel, elle admet qu’il est toujours possible de
faire des erreurs et qu’il faut donc remettre en question ses faits, ses
théories et ses explications.
« Une hypothèse : c’est une
réponse provisoire à la question posée. »
« Hypothèse +
confirmation = une thèse »
Donc la connaissance doit
procéder d’une méthode appelée la méthode scientifique qui admet et
autorise l’autocorrection qui représente sa dimension critique. L’univers
universitaire est allergique à tout dogmatisme alors que la connaissance elle
se distingue de ces dogmes comme de la croyance populaire, religieuse…
Le chercheur,
l’universitaire ou l’homme de la science risque de manquer son objectif de scientificité
s’il ne s’impose pas une distanciation par rapport à son objet de recherche,
cette distanciation doit permettre la rupture avec le sens commun et les
prénotions. (Distanciation : la non-implication)
Bien entendu l’opération
présente une multitude d’embuches, de difficultés dans la mesure où l’analyste
en science sociale est aussi un « être social » autrement dit qu’il est socialisé et
qu’il a intériorisé un certain nombre de valeurs, normes et codes d’un monde
auquel il pourrait appartenir, qu’il risque alors de biaiser la démarche
scientifique qui se décompose en 3 phases :
1- La rupture,
2- La construction ,= positionnement
3- La constatation.
1- La rupture : Pierre Bourdieu passe par
(a-Auto analyse / b-positionnement / c -extériorité).
Elle est l’acte fondateur de toute démarche
scientifique en sciences sociales, elle doit s’opérer car notre bagage soit
disant théorique, nos connaissances possèdent de nombreux pièges dans la mesure
qu’une grande part de nos idées s’inspirent des apparences médias, elles ne
sont souvent qu’illusions et préjugés. La posture donc de la rupture sera
déterminante dans la mesure où elle permet de se débarrasser des préjugés, des
stéréotypes, du sens commun et des prénotions…
Donc rappelons que ceci est le fait de survaloriser son groupe
d’appartenance en dévalorisant celles des autres groupes.
Dans
ce registre aussi les stéréotypes sont considérés comme des
« opinions toutes faites collectivement, admises et durables »
alors que « les préjugés restent engendrés par les stéréotypes,
ils sont de l’ordre de la sensibilité, ils peuvent être défavorables ».
C’est une posture qui permet aux chercheurs d’interroger son objet avec le plus
d’extériorité intellectuelle et de distanciation culturelle, il s’agit donc d’une
objectivation scientifique qui se construit à l’aide d’instruments conceptuels
façonnés, élaborés ou repris.
Et
c’est entre autres, par l’effort de
conceptualisation que le chercheur pourrait s’éloigner de la perception
spontanée. Cette rupture passe nécessairement par une sorte d’auto analyse qui
se traduit par l’interrogation sur les raisons explicites et implicites qui
vous poussent à opter pour tel ou tel sujet autrement dit de quel ordre sont
elles ? De motivation sont-elles d’ordre professionnel, partisan ou
autre ? Quel est le degré et la nature de la proximité de
l’implication ?
2-
La construction de l’objet de recherche : La
construction de l’objet de recherche au moyen des problématiques et
d’hypothèses en identifiant le réseau de liens dans lesquels il peut être
inséré (Ex : La délinquance, comme objet de recherche sera
facilement identifiée et associée à l’urbanisme / l’architecture ,
l’économie/chômage et à la discrimination) dont cette phase de construction
conceptuelle est essentielle. Elle occupera un temps important de votre effort
de recherche, et c’est à l’aide de concepts et de la problématique qu’on pourra
interroger les phénomènes et éclairer la réalité observée.
La
problématique :
«C’est
un ensemble de questions articulées autour d’une question centrale. »
« La problématique :
On y procède par : Questionnement ou Hypothèse. »
L’hypothèse
est une réponse à la question posée.4
3-
La constatation : C’est
l’étape de la vérification du bien fondé des hypothèses car toute recherche
scientifique digne de ce nom se doit d’être confrontée à la réalité de mise
à l’épreuve. Précisément, il s’agit de
confirmer ou d’infirmer les hypothèses avancées autrement dit constater leur
bien fondé.
Ceci
dit, qu’il y a des dispositions nécessaires et préalables qui doivent être
prises pour engager un travail de recherche. Cela suppose le choix de la
scientificité préalable à tout choix de sujet (de techniques de
recherches). Par conséquent, on doit
donc adopter une posture dans laquelle un certain nombre de dispositions ont
été intériorisées et tout choix.
Il
s’agit donc d’une sorte de bagage des sciences sociales intériorisé et assimilé
par le chercheur : cadre théorique, paradigmes (explication par des
théories). Ces acquis là, supposent un esprit scientifique qu’on
peut caractériser comme suit :
1. Un
esprit scientifique se base toujours sur des faits, rien que des faits.
2. Une posture critique.
3. L’autorité
du raisonnement et de l’exteriorité.
4. La
volonté de systématisation et de classification des connaissances fragmentaires.
5. Observation
des faits, expériences, esprit critique, démonstration, classification… Autrement dit, méthode d’observation et
méthode expérimentale, telles sont les caractéristiques de l’esprit
scientifique.
Il
est donc certain que l’esprit scientifique a sa place dans les sciences
de l’homme comme dans les sciences expérimentales et il n y aucune
incompatibilité.
En tout cas, il faut s’assurer que les sciences
humaines ont un caractère particulier à savoir que l’observateur
peut risquer de modifier l’objet observé, et il est lui-même modifié par lui.
« L’homme est
trop engagé par définition dans l’objet des sciences humaines, pour que
l’objectivité de l’observateur puisse être comparée à celle du
physicien. »
Les sciences sociales n’étudient pas les choses
indépendamment de ce que les hommes en pensent, mais les relations entre les
hommes et les institutions, ou les relations entre les hommes eux-mêmes.
Les
phénomènes sociaux ne sont pas des choses, mais des phénomènes
historiques et humains. Ces derniers, sont des objets dont l’homme est obligé
d’assumer une situation préétablie (Le prolétaire par exemple, qui
naît dans une situation sociale prédéterminée, peut seulement assumer cette
situation). C’est-à-dire la considérer comme exaltante ou
dégradante, mais de toutes façons, elle lui est donnée. Sa situation
sociale de prolétaire est déterminée.
Le milieu,
l’instruction et les facteurs sociaux extérieurs à la volonté de l’homme joue
un rôle dans la formation de la volonté elle-même. Ça veut dire qu’il existe
donc un certain déterminisme social dans les comportements
humains.
Le
déterminisme dans les sciences sociales, c’est l’étude
des facteurs matériels qu’interviennent dans les décisions des hommes vivants
en société.
Cependant,
quant au relativisme, on peut dire qu’avant même les sciences
sociales, la question était posée à savoir le relativisme, à l’égard de
l’histoire des institutions et des sociétés, de l’homme sujet, et
l’homme objet.
Descartes
nous fait observer combien un même homme, avec son même esprit, étant nourri dès
son enfance entre les Français et les Allemands, devient différent de ce qu’il
serait s’il avait vécu entre des Chinois et des Cannibales).
L’homme
donc n’est pas un produit naturel, mais un produit historique façonné
par la culture.
è
Définition
des sciences sociales :
D’abord elles se définissent
par leur « Objet », qui est l’activité de l’homme vivant en
société. Appartiennent aux sciences sociales, les disciplines qui étudient les
comportements, les représentations, communications ou relations entre les
individus liées au fait de l’existence sociale de l’être humain. Elles se
distinguent d’autres sciences, où l’être humain peut être l’objet de la science
qui le considère dans une réalité physique et naturelle (Biologique par
exemple).
En ce qui concerne la
psychologie, (en tant qu’une science humaine), il faut accepter le
fait qu’il est difficile de tracer la frontière entre le point de vue et
l’objet de la psychologie, et celui des sciences sociales… Parce que la
psychologie étudie les comportements de l’homme en tant qu’un individu,
sans pouvoir faire abstraction de son environnement social. Donc,
l’existence d’une nature humaine universelle indépendante de la société ou
d’une société particulière est une hypothèse à vérifier cas par cas, et non une
donnée scientifique.
è
Définition
de la méthode :
1) Au sens large :
La méthode est un ensemble
de démarches que suit l’esprit scientifique pour démontrer et
découvrir la vérité.
2) Au sens restreint :
C’est une procédure
particulière appliquée à l’un ou l’autre des stades de la recherche ou de
l’explication. Comme il y a une diversité de définitions, il y a une diversité
de méthodes utilisées par les sciences sociales, à savoir la méthode principale
qui est : « l’enquête », ou ce qu’on appelle,
aussi, les techniques d’investigation aux sciences sociales, et
qui (ces techniques) sont relatives à la procédure d’enquête,
lesquelles nous allons étudier, qui se résument en trois (3) types de
techniques :
1- L’observation / 2-
L’entretien / 3- Le questionnaire.
Parce que, ce sont les
techniques les plus utilisées pour rendre certains objets intelligibles,
explicables et saisissables. En plus, ces trois types ne s’excluent pas.
Il ya plusieurs types
d’enquêtes, comme dans le droit pénal, on parle d’enquête qui
concerne les crimes (enquête préparatoire, préliminaire, est une
première phase de l’instruction). en droit public, on parle d’enquête
administrative, (une procédure par laquelle l’administration réunit
certaines informations, vérifie les faits avant de prendre une décision). Ça
c’est dans le droit public, mais aussi dans le droit parlementaire
qui utilise l’enquête au fait de réunir plusieurs parlementaires appartenant à
différents groupes politiques pour enquêter aux sujets des délits qui auraient
pu être commis par un parlementaire. Cette enquête est faite par une commission
qui réunit des députés qui appartiennent à différents groupes et partis.. Et
les réponses apportées par les enquêtes sont des réponses ponctuelles.
Dans tous les cas de figure,
l’enquête signifie une recherche méthodologique et une
investigation reposant notamment sur des questions et des témoignages.
Remarque :
dans la recherche, on ne cherche pas la vérité, on
cherche des reposes scientifiques
è
Pourquoi
une enquête ? (quelle
est la raison qui nous pousse à choisir l’enquête)
D’abord parce qu’elle permet
de rechercher une information, et de rendre intelligible les
situations données et pour apporter un éclairage sur un objet ou une
situation.
Ceci dit, l’utilisation de l’enquête
n’est pas une chose nouvelle, autrement dit, l’usage de l’enquête n’est pas
récent, il date du début de la révolution industrielle d’un prolétariat
massif, qui a résulté une volonté de contrôle de la population pour maintenir
l’ordre.
D’ailleurs, les enquêtes
à l’époque, on les appelait la science des pauvres, où la
technique de questionnaire est largement utilisée.
Au XIXème siècle, on assiste
aussi à un remarquable essor (épanouissement) auprès des prolétariats qui
viennent de gonfler les villes en Europe occidental… L’utilisation des
enquêtes ici ne réponds pas à l’élargissement des connaissances, mais
plutôt pour l’utilisation de ces résultats dans le but de maintenir l’ordre
social, la collecte des données inspirait les gouvernements dans la mise au
point de mesures de contrôle de cette masse misérable, inclinée à la
délinquance.
Les enquêtes
renseignaient sur les conditions de vie et sur l’état « moral »
des travailleurs et de leurs familles en Europe et en France en
particulier, où l’objectif de ces enquêtes était à la fois d’obtenir – par
l’instauration — des conditions favorables, une bonne reproduction de la
capacité de travail et par mise en place de protection policière ou scolaire et
la paix publique dans les banlieues des ouvriers.
Actuellement, sur
l’utilisation des enquêtes, on remarque une domination
anglo-saxonne. En effet, la tradition américaine est dominante dans
l’utilisation des sondages d’opinions politiques.
La multiplication des
enquêtes s’est accompagnée de la mise au point d’instruments,
statistiques toujours plus raffinés, comme dans la production des instruments
qui donnent des moyens supplémentaires aux faiseurs d’enquêtes, dont
les statistiques et l’informatique qui allaient devenir deux pieds sur
lesquelles sont appuyés les sociologues occidentaux pendant la période des
années 50 et 60, et comme conséquence, il y a eu l’inflation des utilisations des
enquêtes, d’une manière massive (exagérée).
On dirai qu’il s’agit de quantophrénie
L’enquête
n’est pas la seule activité pour rendre intelligible une réalité, il serait
tout à fait erroné de ramener la connaissance des réalités à des enquêtes.
C’est seulement la partie invisible de la recherche en sciences sociales. En tout
cas, l’utilisation des enquêtes nécessite l’adoption de certaines techniques,
parmi ces techniques on va citer :
1- L’observation sociale:
Par
technique d’observation, on entend les procédés de
collecte des faits qui paraissent les mieux adaptés pour le chercheur, à
l’objet de la recherche et l’objectif de la recherche.
Quand
on dit « Observation », il s’agit concrètement de rendre
compte de pratiques sociales, d’expliciter ce qui les oriente et ce qui amène
les acteurs à leur donner de telle ou telle forme.
L’observation est
une technique particulière qu’on peut comparer à une série de photographie,
strictement légendée. C’est une gymnastique mentale et une technique de
mémorisation et de schématisation qui ne s’excluent pas, mais qui sont
plutôt complémentaires. L’utilisation de l’observation comme technique n’est
pas exclusive.
L’observation
donc repose sur l’enchaînement de trois savoirs :
-
Percevoir
-
Mémoriser
-
Noter
Elle
suppose donc un va-et-vient permanent entre vos perceptions, leur
explication mentale, leur mémorisation et votre journal de terrain. L’observation
donc est une vigilance aiguisée par des informations de l’extérieur et
des questions qui évoluent. C’est un outil alors de découverte et de
vérification.
è
Les
caractéristiques de l’observation :
- L’observation
doit être complète. C’est-à-dire qu’elle doit prendre en
considération tous les faits qui sont susceptibles d’intervenir dans
l’utilisation d’une hypothèse de travail et en rendre compte intégralement.
- L’observation
doit être précise. Cette précision est certes facilitée de plus en plus
par l’utilisation des statistiques dans les sciences sociales, à condition
d’avoir à sa disposition un instrument adéquat.. Mais en tout cas, tous les
faits ne sont pas quantifiables, et l’observation qualitative doit
pouvoir compléter l’observation quantitative.
- L’observation
doit être fiable. C’est-à-dire donner des résultats valides et fidèles. Une
technique est fiable et fidèle, lorsque les résultats obtenus par un
observateur peuvent être vérifiés, par l’identité des résultats obtenus, par un
autre observateur dans les mêmes conditions. On dit qu’une technique est valide
lorsqu’elle permet de mesurer avec exactitude ce qu’elle est destinée à
mesurer, où elle suppose donc une adéquation entre l’objectif de la recherche
et l’instrument de celle-ci.
è
L’objet
de l’observation :
Elle
(l’observation) permet entre autres de saisir les pratiques sociales
par l’examen détaillé de la vie sociale.
è
L’historique
de l’observation :
D’une
manière générale, les premières tentatives d’investigation portèrent sur des
objets éloignés des chercheurs dans le temps et dans l’espace social, la
majorité des travaux avaient pour objet la population primitive les classes ouvrières
et paysannes.
A
partir des années 60, on va constater que le champ des sujets étudiés va
s’étendre au comportement quotidien, pour englober les activités de travail. On
voit donc, apparaître des études descriptives (monographiques).
Dans
ces années là, on va insister sur la participation quasi-obligatoire du
chercheur à l’objet sur lequel il pratique la technique d’observation.
En effet, il était recommandé de se socialiser dans le milieu
qu’on étudie.
è
Les
conditions de l’observation :
En
termes méthodologiques, on peut se poser la question sur les conditions pour
mener une bonne observation, car on constate qu’il y a une difficulté du
passage de la familiarité à l’altitude de l’observateur, c’est pour ça
que :
1- Il faut trouver un équilibre subtil entre le détachement
et la participation grâce à ce qu’on a déjà étudié à savoir la rupture ( émancipation).
2- Il faut aussi recourir à des qualités de discipline qu’exige tout
travail scientifique.
3- Il faut garder une faculté « d’étonnement »
qui est une façon de maintenir la capacité d’étonnement éveillée (contre une
grande familiarité au terrain).
è
Les
formes à donner aux informations collectées:
Dans
ce côté, on se pose la question sur les formes qu’on peut donner aux
informations collectées. C’est-à-dire, quelles sont les formes des données
recueillies ? On peut les résumer comme suit :
1- La description détaillée de ce que l’observateur a vu,
entendu ou senti.
2- Le comptage de nombre des observés.
3- La chronique d’activités (Les activités qui passent en
marge de l’observateur).
4- Le lexique de milieu observé.
Toutes
ces informations recueillies par l’observateur n’ont d’intérêt pour l’analyse
qu’à condition d’avoir été créées, notées et enregistrées de façon à être
exploitables. Mais souvent les notes qui ne peuvent pas être situées sont
difficiles, mais on peut noter des informations quand la situation le permet.
Toutes
ces informations seront inscrites dans un journal de terrain qui
contient :
1- Des notes descriptives :
lieux - les personnes – un récit d’évènements et d’interactions – les
réflexions personnelles - les impressions de l’observateur permettant de garder
une trace du déroulement de l’enquête.
2- Des notes prospectives (prévisibles):
Ce qu’on va faire après.
3- Des notes d’analyse : Dans
lesquelles on note le déroulement chronologique des évènements et le schéma des
différentes places occupées par les observés, comme on peut noter aussi nos sentiments,
ce que nous a choqué, nous a plu , les fonctions visibles et les fonctions
latentes (l’analyse c’est expliquer).
Bien
entendu, il y a des terrains plus privilégiés que d’autres, plus faciles que
d’autres, les terrains les plus faciles sont les terrains clos, fermés et de
petites dimensions (Exp. Hôpitaux, institutionnels, facultés…..) .
Le
choix de la technique doit être adapté aux terrains, sur les terrains -a priori-
fermés, que ce soit pour des raisons institutionnelles ou autres, l’observation
directe des pratiques est la plus efficace, pour pallier les défauts des
méthodes fondées sur la pratique du recueil du discours, sur les pratiques du
recueil par l’entretien ou le questionnaire.
D’une
manière générale, l’observation directe est particulièrement adaptée aux
enquêtes sur les comportements qui ne sont pas facilement verbalisés, ou qui le
sont trop, et où leur risque de n’accéder qu’à des réponses convenues sur les pratiques
non-officielles.
Cependant,
l’observation rencontre de sérieuses limites, avec ce qui se déroule sur les
temps très longs, et de manière diffusée, pose la question de l’adéquation
entre la méthode de l’observation directe et certains objets de recherche,
conduit à noter qu’on ne peut observer qu’une situation limitée dans l’espace
et dans le temps.
è
Les
terrains de l’observation:
Le
choix de terrain est fait à partir d’un critère de pertinence sociale (utilité
pour la société) c’est ce que nous apportons au plus à la connaissance d’une
question et à l’appréhension d’une situation.
Pour
mener une observation, nous sommes face à 2 types de terrains :
-
Les
terrains familiers : Où nous risquons de ne rien
voir par l’inné de la familiarité, dont rien ne nous surprend.
-
Les
terrains inconnus : On
ne pourrait rien voir par inné d’étrangeté, et par manque total d’informations.
Alors
pour éviter ces difficultés, on va adopter la technique qui consiste à rendre
familier ce qui est étranger, et rendre étranger ce qui est familier.
è
Les
types d’observation:
Il y
a deux types d’observation : « l’observation participante »
et « l’observation non participante ».
-
L’observation
participante ou clandestine : Dans
ce type d’observation, l’avantage c’est qu’on est dans l’axe de la neutralité
mais pose des problèmes de collecte de l’information.
-
L’observation
non-participante : Elle
est plus facile dans la collecte d’informations mais il y a risque
d’interférence.
Choisir
un type d’observation revient à choisir un rôle social à occuper.
è
Les
limites de l’observation:
1)- L’interaction entre observé et
observateur
L’enquête
reste quoi qu’on fasse une relation sociale qui exerce des effets sur les
résultats obtenus. Tout le travail de l’enquêteur va consister à réduire ces
effets, pour qu’ils ne créent pas une situation nouvelle, par le jeu
d’interaction entre l’observateur et l’observé.
2)- La
trajectoire de l’enquêteur : Pour éviter ces
difficultés, on pourra procéder par une auto-analyse, en s’interrogeant sur
l’histoire personnelle, pour mettre à jour ses propres catégories des
perceptions de la réalité.
è
L’analyse
des informations collectées:
Premièrement,
on procède dans un premier temps à la lecture des notes de terrain, tout en
séparant les notes descriptives et les essais d’analyse.
Deuxièmement,
on fait un classement chronologique (à travers le temps) et un classement par thématique (relatifs au
sujets).
è
Le
rapport de l’observation:
Introduction :
Mettre à disposition du lecteur une description fine de sources et
d’informations :
- Le
terrain d’observation.
- Le
temps de présence.
- La
négociation de notre présence.
- Les
étapes de notre recherche.
- Le
déroulement de la recherche.
- La
méthode employée.
- Les
questions d’hypothèse de travail.
Développement :
Dans
le développement, on cite les arguments, les jugements sur lesquels on s’appuie
pour expliquer. Par exemple utiliser certaines notions afin de justifier nos
dispositions et nos idées (le misérabilisme : C’est éprouver un
sentiment plus fort que la pitié ou la compassion / le populisme :
utiliser la misère pour ses propres intérêts comme dans le discours politique).
2- :L’entretien :
L’entretien est
une situation inédite de la vie sociale car c’est une interaction entre
plusieurs individus qui ne se connaissent pas, des personnes qui se
rencontrent, parlent, discutent, se séparent souvent sans se revoir.
GENERALITES
Lorsqu’on
mène un entretien, on est étranger au milieu de l’enquêté, et cette
étrangeté peut être productive dans la relation de l’entretien.
En
quoi cette étrangeté est productive ? Seulement car vous
n’êtes pas mêlés à ses affaires personnelle, de famille, de travail, de voisinage... Vous êtes donc placés dans une position
objective favorable pour recevoir ses confidences.
L’entretien
comme technique de recherche est né de la nécessité d’établir un rapport suffisamment égalitaires entre l’enquêteur et
l’enquêté, pour que l’interrogé ne se sente pas comme dans un interrogatoire
contraint de donner des informations.
Types
d’entretien
1)
L’entretien non-directif
2)
L’entretien semi-directif
è
La
spécificité de l’entretien sociologique :
L’entretien est souvent réalisé à la demande de
l’enquêteur et pour son bénéfice, c’est dans ce sens là que l’entretien
se rapproche de l’interrogatoire de police, mais il se distingue
aussi de ce qu’on appelle l’entretien thérapeutique.
è
La
spécificité de l’entretien par rapport au questionnaire:
La
différence entre l’entretien et le questionnaire ne tient pas au mode de
passation, à l’interaction enquêteur/enquêté mais surtout au statut accordé au
discours. A priori, l’entretien laisse la possibilité à l’enquêteur d’organiser
sa propre pensée (son propos à sa guise). « L’entretien permet donc
l’accès à la structure logique de la pensée de l’enquêté ». En effet, le
questionnaire ne permet pas cette possibilité, car il est préconstruit, il
reflète donc la structure logique de la pensée de l’enquêteur. On ne fait donc
des entretiens que lorsque on a besoin d’accès à la structure logique de la
pensée des enquêtés. C’est une démarche (l’entretien) qui soumit
l’interrogation à la rencontre, au lieu de la fixer d’avance.
è
Les
raisons de choix de l’entretien :
On
choisit donc l’entretien car il est l’instrument privilégié de
l’exploration des faits dont la parole est l’acteur principal,
c’est-à-dire souvent des faits concernant des systèmes de
représentation (les pensées construites
idéologiques)
-
Le sens que les
acteurs donnent à leurs pratiques, aux évènements dont ils ont été témoins, et
aussi quand on veut mettre à jour les systèmes de valeur et les repères
normatifs, à partir desquels ils s’orientent et se déterminent.
-
Surtout pour ne pas
seulement essayer de faire décrire, mais de faire parler sur.
-
Pour l’analyse,
l’enquête par l’entretien ne réponds pas au « pourquoi » mais
davantage au « comment ».
Le
choix de l’entretien dépend du sujet choisi qui dépend lui aussi du
terrain (du contexte de cette enquête).
è
La
conception de l’enquête par l’entretien :
1-
La
mise en œuvre d’une enquête par entretien suppose l’élaboration d’une
problématique et des hypothèses.
2- Le choix de la population.
Souvent
la définition de la population est incluse dans la définition de
l’objet, et c’est l’objet qui détermine la population, mais il y a nécessité de
fixer des limites pour la population, ces limites peuvent se faire selon des
critères d’âge, type de résidence... Tout dépend des hypothèses.
Dans
tous les cas, la population est souvent de taille petite dans la réalisation des
entretiens que dans les questionnaires, car il faut chercher un maximum de
diversification des propos mais à partir d’un nombre restreint d’entretiens.
Le mode
d’échantillonnage, l’échantillon doit être diversifié et reposé sur la
sélection d’éléments non pas représentatifs, mais caractéristiques de la
population. En effet, la question de la représentativité statistique ne s’oppose
pas à la différence du questionnaire.
è
Des
conseils pour la mise en œuvre de l’entretien
:
Des
conseils à prendre en compte lors de la réalisation de l’entretien :
- D’abord, ne jamais employer le mot « enquête »
ni « entretien ».
- Il
est préférable de vous présenter tout simplement en disant : « J’aimerais
bien discuter avec vous » et leur signifier que vous allez discuter avec
eux un sujet qui les intéresse (le travail -
logement…).
Et
pour mener à bien un entretien il faudrait le guide d’entretien
- Le
plan (guide) : Pour mener un entretien d’une manière acceptable, il est
nécessaire d’employer le guide de l’entretien, qui
comprend à la fois le guide de la thématique de l’entretien et les stratégies
d’intervention.
3- Le
questionnaire :
Le
questionnaire est une technique parmi d’autres. L’enquête
par questionnaire n’est qu’un instrument d’investigation parmi d’autres,
qui ne s’applique qu’aux objets facilement et aisément mesurables. Donc pour
cela, on s’entraîne de deux techniques à savoir la technique qualitative
et la technique quantitative.
Les
techniques qualitatives n’ont pas un statut inférieur à celui des enquêtes
quantitatives, les unes et les autres ne sont pas mutuellement exclusives.
Rappelons donc qu’il n’y a pas de raisons de privilégier un instrument au
détriment de l’autre.
Pour
le questionnaire :
è
Le
type de données collectées :
Les
enquêtes par questionnaire visent d’ordinaire à recueillir trois (3) catégories
de données :
1- Des données factuelles qui se rapportent :
-
Au domaine personnel
des individus, par exemple : L’âge, le genre, la profession, le revenu...
-
A leur environnement,
par exemple : L’habitat, les loisirs…
-
Au domaine de
comportements : le temps qu’ils consacrent à telle ou telle activité…
Remarque : Le
caractère objectif de ces données n’empêche pas que les réponses puissent être
mensongères notamment sur la CSP, l’âge…
2- Les jugements subjectifs sur les faits, les idées, les
évènements ou les personnes. Qu’ils s’agissent :
- D’opinions : C’est-à-dire une
évaluation directe émise sur un sujet (enjeu politique- innovation sociale,
culturelle…)
- D’attitudes : C’est-à-dire les
dispositions plus au moins profondément installées à l’égard d’objet ou de
questions sociétales (les grandes options de la société, les valeurs morales…)
- De cognitions : C’est un terme
scientifique qui sert à désigner l’ensemble des processus mentaux qui
rapportent à la fonction de connaissance. Comme la mémoire, le langage, le
raisonnement, l’apprentissage…
C’est-à-dire les indices du niveau de connaissance de
divers objets étudiés par l’enquête. Cette rubrique présente une importance
considérable dans la mesure où elle conditionne fortement le degré de confiance
que l’on est en droit d’accorder aux réponses. Pour cela, il est important de
vérifier si celui qui va répondre, sait de quoi il retourne. (Exp. En matière de chômage)
è
Les
critères des réponses fournies :
Les
réponses fournies devront être envisagées selon quatre (4) critères qui
déterminent en quelque sorte les qualités attendues des répondants, ces
dernières vont donc répondre de :
- La compétence de répondant :
Est-ce qu’il est compétent pour répondre ? L’objet de questions lui est-il
connu ? S’agit-il d’une connaissance lointaine ou proche, superficielle ou
approfondie ?
- La compréhension de
répondant : Comprend-il le sens des questions ? Est-ce qu’il
maîtrise le vocabulaire utilisé ? Son état personnel au moment de
l’enquête lui permet-il d’y répondre ?
- La sincérité de répondant :
Est-ce qu’il répond selon sa conscience ou il ment ? Sciemment ou non
sciemment ?
- La fidélité de répondant :
On s’interroge aussi si les réponses traduisent correctement en paroles ses
sentiments véritables ?
è
Le
type des questionnaires :
On a
deux types de questionnaires :
1- Les questionnaires d’administration directe :
C’est-à-dire que la personne note elle-même ses réponses sur le questionnaire.
On parle ici d’auto-administration.
2- Les questionnaires d’administration indirecte :
L’enquêteur note les réponses que lui fournit le sujet.
è
Les
étapes de la réalisation d’une enquête
par questionnaires :
Les
étapes essentielles :
1- Définition de l’objet de l’enquête.
Par exemple : une enquête sur la lecture au milieu d’étudiants (Quels
étudiants ?).
2- Inventaire des moyens matériels à la dispositions des réalisateurs
de l’enquête (la durée de l’enquête, le budget disponible,
les personnes disponibles…).
3- Les recherches préalables ou exploratoires :
Recherche de la documentation sur le sujet.
4- Détermination des objectifs et des hypothèses de travail
(Que veut-on montrer ? Quel est l’objectif de faire une enquête ?).
5- Détermination de la population ou l’univers de l’enquête (A
quelle population les sujets à interroger doivent-ils appartenir ?)
6- La construction de l’échantillon
(procédés de sondage à utiliser, taille de l’échantillon…).
7- La rédaction du projet de questionnaire.
8- Mise à l’épreuve du projet de questionnaire (le
pré-test).
9- La rédaction du questionnaire définitif.
10- La réalisation matérielle de l’enquête :
Dans cette étape, on aura à procéder à la surveillance ou le contrôle des
enquêtés, et à collecter les questionnaires remplis.
11- Le codage des questionnaires :
à chaque questionnaire on va donner un code.
12- Le dépouillement (La classification
des questionnaires).
13- L’analyse des résultats.
14- Rédiger le rapport définitif de l’enquête.
è
Les
questions du questionnaire :
Parmi
les questions dont il faut s’interroger, on trouve :
Les
questions principales ou les hypothèses.
Parmi
ces questions, il faut d’abord s’interroger sur la forme des questions
et l’ordre de succession des questions. Car, contrairement
à certaines idées reçues, la rédaction d’un questionnaire est un travail qui
nécessite des efforts, ça veut dire que, pour que le questionnaire puisse
réussir il faut un travail qui dure dans le temps, et qui réclame beaucoup de
soins et de compétences professionnelles.
è
La
formulation des questions de questionnaire :
La forme des questions est en interrogation,
c’est le mode le plus courant. Cette interrogation peut être explicite ou
implicite.
Explicite :
Combien de ? Pourquoi ? Comment ?...
Implicite :
Citez les raisons / Dites ce que / …
Chaque type des questions correspond à des besoins
spécifiques dans l’enquête.
Les questions fermées :
Pour celles-ci, les réponses sont fixées d’avance,
et le répondant doit obligatoirement choisir parmi des options qui lui sont présentées. Il s’agit ici du
type le plus simple. On l’utilisera pour obtenir certains renseignements
factuels, pour juger de l’approbation ou
d’une opinion donnée de la position sur une gamme de jugements.
Exemples : Quel est
votre état civil : Célibataire, marié, divorcé, séparé…
Lisez
vous des périodiques rédigées en langue arabe : Régulièrement,
occasionnellement, rarement, jamais...
La
jeunesse actuelle, que vous semble-t-elle par rapport à celle il y a 10
ans : Beaucoup plus mûre, un peu mûre, également mûre, sans
opinion...
Les caractéristiques de ce type de questions :
- Ce
type de questions est celui qui se prête le mieux au dépouillement et aux
statistiques. En effet, les réponses sont prévues, et on peut donc répartir les
différents répondants selon les réponses qu’ils ont fournies.
- Ce
type des questions présent le danger de dicter les réponses à l’enquêté, dans
la mesure où il n’autorise aucune expression du nuance. Il risque donc
d’orienter l’enquêté vers la réponse qui lui semble non pas la plus proche de
ce qu’il pense (qui ne figure parmi les choix possibles), mais la plus conforme
à l’attente des réalisateurs de l’enquête. On peut comprendre à partir de ce
moment là, ce que certains peuvent tirer de ce genre de question majoritaire
dans tous les sondages d’opinion.
Donc il y a une facilité et une simplicité pour celui qui
est enquêté, mais aussi il y a un risque de celui à qui on pose la question
d’avoir tort, mais en tout cas, ces questions garantissent un certain degré
d’anonymat. Elles ne peuvent être utilisées que pour obtenir des informations
précises.
Les questions ouvertes :
Pour celles-ci, les réponses ne sont pas prévues, et
l’interrogé est libre de s’exprimer comme il l’entend.