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mercredi 25 septembre 2019

L'objet de la science politique

  droitenfrancais       mercredi 25 septembre 2019


L'objet de la science politique




L'objet de la science politique


La science politique a essayé dès les origines à se forger, à se donner des origines propres spécifiques. La quête de l'autonomie vis a vis de la philosophie politique et du droit public, a permis à la science politique de circonscrire, de délimiter ses objets.
Initialement, on envisageait la science politique comme une science de l'Etat puisqu'on s'intéressait aux structures institutionnelles centrales, celles qu'on estimait principal dans le jeu de la politique. On cherchait alors a cerner le rapport au politique à travers les types d'institution.
Cependant, certains (au cours des années 50-60) ont estimés que le fait de s'intéresser uniquement aux institutions faisait perdre de vue une grande partie des lieux du politique car on estimait que le pouvoir ne s'incarnait pas obligatoirement dans les institutions – ailleurs certainement aussi.

Cette volonté de chercher l'objet et de le cerner, fait de la science politique une science problématique comme le démontre Hana Arendt.





Section 1: la science politique comme science de l'Etat

C'est la perspective la plus ancienne, fin du 19ème siècle. L'étude de l'Etat était central pour cerner le politique. Science de l'Etat = Statologie. Statologie qui s'explique par le contexte politique qui va de la première moitié du 19ème siècle jusqu'aux année 50-60. Cette période est marquée par la
« prolifération » de la forme étatique, la multiplication des types d'Etat, et la stabilisation progessive de leurs structures. C'est un contexte très riche à cause de la démultiplication des expérience constitutionnelles française, allemandes, russes et ensuite à cause de l'extension de nouvelles formes étatiques suite aux différentes vagues de décolonisation.
Ce foisonnement d'expérience étatique vont donner à la forme étatique, les caractéristiques d'un fait universel. Mais d'un autre côté, cette universalité pose problème dans la mesure où: est-il envisageable d'étudier les formes étatiques selon les mêmes méthodes ? Peut on les étudier sous le même angle du rapport au pouvoir.
Autrement dit: Peut on étudier les expériences étatiques occidentales et les expériences étatiques extra-occidentales pour arriver aux même conclusions?
Grande controverse: Certains disent qu'il n'est pas possible de comparer les formes étatiques occidentales et extra-occidentales sous le même angle. Ouvrage: l'Etat importé, Badie B, seuil 1990. D'autres pensent le contraire. Ils pensent qu'on peut transférer une vitrine institutionnelle sur une toute autre réalité sociale.

Par conséquent, dans le cadre de cette perspective, la forme étatique devient l'institution centrale à étudier. On va alors essayer d'en cerner les variantes possibles. On va essayer d'étudier son

« exportation », son expansion entre système sociaux particuliers. Mais progressivement, le rapport à l'Etat n'est plus envisagé obligatoirement à travers ses institutions, mais à travers le rapport entre la contrainte et la domination. Déjà Max Weber, avait entrepris de définir l'Etat dans Economie et société, non pas en fonction de ces structures institutionnelles mais en fonction de son rapport à la contrainte. Il en donne la définition suivante: « communauté humaine disposant sur un territoire donné du monopole de la coercition légitime ».
Qu'il s'agisse d'une analyse fondée sur l'étude institutionnelle ou qu'il s'agisse d'une analyse fondée sur la définition de Weber, ces deux perspectives sont limitées:
• Le pouvoir s'incarne de façon limité dans les institutions
• D'autres lieux concentrent de la contrainte sans pour autant pouvoir jouer un rôle politique. Dans une société donnée des structures non politiques imposent aux individus des règles de conduites.





Section 2: La science politique comme science du pouvoir

Objectif: chercher les lieux et les structures qui concentrent du pouvoir dans une société donnée. L'objectif est de voir comment se distribue le pouvoir dans un groupe donnée.

Les institutions sont secondaire par rapport à la trame générale de distribution du pouvoir dans une société donnée. On en parlera plus de pouvoir ou d'Etat mais on parlera de système politique.
Définition de Robert Dahl: « un système politique est une trame persistante de rapport humain qui implique une mesure significative de pouvoir, de domination et d'autorité ». Autrement dit, toute forme de pouvoir, d'autorité de domination serait en quelque sorte un objet privilégie de la science politique. Cependant, là aussi nous sommes face à des limites.
• En effet, tout les rapports sociaux dans une société donnée, n'ont pas de finalité politique.
• D'autre part, on ne peut pas étudier tout les rapports sociaux sous prétexte qu'il s'agit de rapport politique ou pouvant avoir une incidence sur les pouvoirs politiques.
Pour dépasser ces deux limites, on va essayer de définir ce qu'est une autorité politique.
Max Weber d'abord, l'autorité politique dispose du monopole de l'exercice de la violence légitime sur un territoire donné. Mais ensuite, « la vocation de toute autorité politique est d'agréger pacifiquement l'ensemble des intérêts (dit la « constellation des intérêts) s'affrontant sur ce même territoire ».
Vu sous cet angle, la science politique serait une science du pouvoir dans la mesure où celui-ci s'incarne dans des structures qui peuvent l'exercer car elles sont les seules capables de contraindre les individus. Mais, en plus, ces mêmes institutions sont reconnus comme légitime pour exercer le pouvoir. C'est en cela qu'on pourra dire que la science politique est une science du pouvoir.

Cependant, malgré ces précisions, la science politique est une science problématique dans la mesure où les notions de pouvoir, d'institution ou d'ordre politique peuvent mobiliser des analyses sociologiques sur l'ensemble de la société. D'abord, la réalité sociale se construit à travers et en parallèle des structures du pouvoir. On peut ainsi étudier les rapports économiques comme étant des rapports politiques (c'est ce qu'a fait Karl Marx et l'ensemble de ces héritiers).
En second lieu, même si on s'intéresse à l'institution centrale-l'Etat- on s'aperçoit que celle-ci n'est pas une structure étanche. Elle est un système traversé par des rapports sociaux des clivages donc on peut l'étudier sous un angle social.
Comment dépasser la surdétermination, la complexité du pouvoir ?
Comment éviter l'enfermement de l'analyse sur l'étude des structures et des institutions de l'Etat ?
Démonstration en trois temps:
• En premier lieu, il faut partir de l'hypothèse selon laquelle le pouvoir politique construit le social mais ne le construit que partiellement. Ex: Lorsque Tocqueville compare sociétés aristocratiques et sociétés démocratiques, il établit des liens entre modes d'organisations sociales et mode d'exercice du pouvoir. Il essaie de démontrer qu'il y a une influence mutuelle entre le social et le politique mais chacun agissant partiellement.
• En second lieu, la science politique n'a pas obligatoirement pour objet unique, le mode d'organisation des sociétés. Elle cherche à approcher le pouvoir par le biais des résultats et des techniques des autres sciences (histoire, sociologie, statistique, anthropologie, démographie). Cet interdisciplinarité, permet de cerner les rapports entre structure sociale et pouvoir politique.
• En troisième lieu, la science politique essaie par un croisement de perspective de rendre

apparent certains modes d'organisation des sociétés dans la mesure ou ces modes d'organisation peuvent expliquer leur succession dans le temps et dans l'espace. Son objectif est de mettre en évidence des lois d'évolution générale, des lois explicatives des rapports au pouvoir, des lois pouvant renseigner sur la nature et l'essence du pouvoir. Pour atteindre cet objectif, la science politique se donne des méthodes et des techniques.


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