Cours Droit en français : Semester 1 Méthodes des sciences juridiques et Sociales
La méthodologie des sciences juridiques et des sciences sociales
* Introduction générale à l’enseignement et de la méthodologie :
- Méthodologie – Définition de méthode/ Sciences sociales/ Champs des sciences sociales.
- Techniques d’investigation en sciences sociales et recherches :
Jacques Bougran (en définissant la connaissance) qui fait constater que la connaissance d’une manière générale demeure hypothétique, plutôt que finale... Elle est constamment corrigible. Les solutions que propose la science ne sont que partialement vraies, elles ne sont jamais considérées comme complètes et finales. La science est une tentative, un essai continuel, elle admet qu’il est toujours possible de faire des erreurs et qu’il faut donc remettre en question ses faits, ses théories et ses explications.
« Une hypothèse : c’est une réponse provisoire à la question posée. »
« Hypothèse + confirmation = une thèse »
Donc la connaissance doit procéder d’une méthode appelée la méthode scientifique qui admet et autorise l’autocorrection qui représente sa dimension critique. L’univers universitaire est allergique à tout dogmatisme alors que la connaissance elle se distingue de ces dogmes comme de la croyance populaire, religieuse…
Le chercheur, l’universitaire ou l’homme de la science risque de manquer son objectif de scientificité s’il ne s’impose pas une distanciation par rapport à son objet de recherche, cette distanciation doit permettre la rupture avec le sens commun et les prénotions. (Distanciation : la non-implication)
Bien entendu l’opération présente une multitude d’embuches, de difficultés dans la mesure où l’analyste en science sociale est aussi un « être social » autrement dit qu’il est socialisé et qu’il a intériorisé un certain nombre de valeurs, normes et codes d’un monde auquel il pourrait appartenir, qu’il risque alors de biaiser la démarche scientifique qui se décompose en 3 phases :
1- La rupture.
2- La construction.
3- La constatation.
1- La rupture : Pierre Bourdieu passe par (a-Auto analyse/b-extériorité). Elle est l’acte fondateur de toute démarche scientifique en sciences sociales, elle doit s’opérer car notre bagage soit disant théorique, nos connaissances possèdent de nombreux pièges dans la mesure qu’une grande part de nos idées s’inspirent des apparences médias, elles ne sont souvent qu’illusions et préjugés. La posture donc de la rupture sera déterminante dans la mesure où elle permet de se débarrasser des préjugés, des stéréotypes, du sens commun et des prénotions… Donc rappelons que ceci est le fait de survaloriser son groupe d’appartenance en dévalorisant celles des autres groupes.
Dans ce registre aussi les stéréotypes sont considérés comme des « opinions toutes faites collectivement, admises et durables » alors que « les préjugés restent engendrés par les stéréotypes, ils sont de l’ordre de la sensibilité, ils peuvent être défavorables ». C’est une posture qui permet aux chercheurs d’interroger son objet avec le plus d’extériorité intellectuelle et de distanciation culturelle, il s’agit donc d’une objectivation scientifique qui se construit à l’aide d’instruments conceptuels façonnés élaborés ou repris.
Et c’est entre autres par l’effort de conceptualisation que le chercheur pourrait s’éloigner de la perception spontanée. Cette rupture passe nécessairement par une sorte d’auto analyse qui se traduit par l’interrogation sur les raisons explicites – et implicites qui vous poussent à opter pour tel ou tel sujet autrement dit de quel ordre ? Professionnel, partisan ou autre ? Quel est le degré et la nature de la proximité de l’implication ?
2- La construction de l’objet de recherche : La construction de l’objet de recherche au moyen des problématiques et d’hypothèses en identifiant le réseau de liens dans lesquels il peut être inséré (Ex : La délinquance) dont cette phase de construction conceptuelle est essentielle. Elle occupera un temps important de votre effort de recherche, et c’est à l’aide de concepts et de la problématique qu’on pourra interroger les phénomènes et éclairer la réalité observée.
« La problématique : c’est un ensemble de questions articulées autour d’une question centrale. »
« La problématique : On y procède par : Questionnement ou Hypothèse. »
3- La constatation : C’est l’étape de la vérification du bien fondé des hypothèses car toute recherche scientifique digne de ce nom se doit d’être confrontée à la réalité de mise à l’épreuve. Précisément, il s’agit de confirmer ou d’infirmer les hypothèses avancées autrement dit constater leur bien fondé.
Ceci dit, il y a des dispositions nécessaires et préalables qui doivent être prises pour engager un travail de recherche. Cela suppose le choix de la scientificité préalable à tout choix de sujet (de techniques de recherches). Par conséquent, on doit donc adopter une posture dans laquelle un certain nombre de dispositions ont été intériorisées.
Il s’agit donc d’une sorte de bagage des sciences sociales intériorisé et assimilé par le chercheur : cadre théorique, paradigmes… Ces acquis là, supposent un esprit scientifique qu’on peut caractériser comme suit :
1. Un esprit scientifique se base toujours sur des faits, rien que des faits.
2. Une posture critique.
3. L’autorité du raisonnement et de l’expérimentation.
4. La volonté de la systématisation, de classification des connaissances fragmentaires.
5. Observation des faits, expériences, esprit critique, démonstration, classification… Autrement dit, méthode d’observation et méthode expérimentale.
Tels sont les caractéristiques de l’esprit scientifique. Il est donc certain que l’esprit scientifique a sa place dans les sciences de l’homme comme dans les sciences expérimentales.
En tout cas, il faut s’assurer que les sciences humaines ont un caractère particulier à savoir que l’observation de l’observateur peut risquer de modifier l’objet observé, et il est lui-même modifié par lui.
« L’homme est trop engagé par définition dans l’objet des sciences humaines, pour que l’objectivité de l’observateur
puisse être comparée à celle de physicien. »
Les sciences humaines n’étudient pas les choses indépendamment de ce que les hommes en pensent, mais les relations entre les hommes et les institutions, ou les relations entre les hommes eux-mêmes.
Les phénomènes sociaux ne sont pas des choses, mais des phénomènes historiques et humains. Ces derniers, sont des objets dont l’homme est obligé d’assumer une situation préétablie (Le prolétaire par exemple, qui naît dans une situation sociale prédéterminée, peut seulement assumer cette situation). C’est-à-dire la considérer comme exaltante ou dégradante, mais de toutes façons, elle lui a donné sa situation sociale.
Le milieu d’instruction des facteurs sociaux extérieurs à la volonté de l’homme joue un rôle dans la formation de la volonté elle-même. Ça veut dire qu’il existe donc un déterminisme social dans les comportements humains.
Le déterminisme dans les sciences sociales, c’est l’étude des facteurs matériels qu’interviennent dans les décisions des hommes vivants en société.
Cependant, quant au relativisme, on peut dire qu’avant même les sciences sociales, la question était posée à savoir le relativisme, à l’égard de l’histoire des instituions et des sociétés, de l’homme sujet, et l’homme objet. Descartes nous fait observer combien un même homme, avec son même esprit, étant nourri dés son enfance entre les Français et les Allemands, devient différent de ce qu’il serait s’il avait vécu entre des Chinois et des Cannibales).L’homme donc n’est pas un produit naturel, mais un produit historique façonné par la culture.
• Définition des sciences sociales :
D’abord elles se définissent par leur « Objet », qui est l’activité de l’homme vivant en société. Appartiennent aux sciences sociales, les disciplines qui étudient les comportements, les représentations, communications ou relations entre les individus liées au fait de l’existence sociale de l’être humain. Elles se distinguent d’autres sciences, où l’être humain peut être l’objet de la science qui le considère dans une réalité physique et naturelle (Biologique par exemple)
.
Dans ce qui concerne la psychologie, (en tant qu’une science humaine), il faut accepter le fait qu’il difficile de tracer la frontière entre le point de vue / l’objet de la psychologie, et celui des sciences sociales… Parce que la psychologie étudie les comportements de l’homme en tant qu’un individu, sans pouvoir faire abstraction de son environnement social. Donc, l’existence d’une nature humaine universelle indépendante de la société ou d’une société particulière est une hypothèse à vérifier cas par cas, et non une donnée scientifique.
• Définition de la méthode :
• Au sens large :
La méthode est un ensemble de démarches que suit l’esprit scientifique pour démontrer et découvrir la vérité.
• Au sens restreint :
C’est une procédure particulière appliquée à l’un ou l’autre des stades de la recherche ou de l’explication. Comme il y a une diversité de définitions, il y a une diversité de méthodes utilisées par les sciences sociales, à savoir la méthode principale qui est : « l’enquête », ou ce qu’on appelle, aussi, les techniques d’investigation aux sciences sociales, et qui (ces techniques) sont relatives à la procédure d’enquête, lesquelles nous allons étudier, qui se résument en 3 types de techniques : 1- L’observation / 2- L’entretien / 3- Le questionnaire. Parce que, ce sont les techniques les plus utilisées pour rendre certains objets intelligibles, explicables et saisissables. En plus, ces trois types ne s’excluent pas.
Il ya plusieurs types d’enquêtes, comme dans le droit pénal, on parle d’enquête qui concerne les crimes.. Dans le droit public, on parle d’enquête administrative, une procédure par laquelle l’administration réunit certaines informations, vérifie les faits avant de prendre une décision. Ça c’est dans le droit public, mais aussi dans le droit parlementaire qui utilise l’enquête au fait de réunir plusieurs parlementaires appartenant à différents groupes politiques pour enquêter aux sujets des délits qui auraient pu être commis par un parlementaire. Cette enquête est faite par une commission qui réunit des députés qui appartiennent à différents groupes et partis.. Et les réponses apportées par les enquêtes sont des réponses ponctuelles.
Dans tous les cas de figure, l’enquête signifie une recherche méthodologique et une investigation reposant sur des questions et des témoignages.
• Pourquoi une enquête ?
Parce qu’elle permet de rechercher une information, et de rendre intelligible les situations données et pour apporter un éclairage sur un objet ou une situation.
Ceci dit, l’utilisation de l’enquête n’est pas une chose nouvelle, autrement dit, l’usage de l’enquête n’est pas récent, il date du début de la révolution industrielle d’un prolétariat massif, qui a résulté une volonté de contrôle de la population par maintenir l’ordre.
D’ailleurs, les enquêtes à l’époque, on les appelait la science des pauvres, où la technique de questionnaire est largement utilisée.
Au XIXème siècle, on assiste à un remarquable essor (épanouissement) auprès des prolétariats qui viennent de gonfler les villes en Europe occidental… L’utilisation des enquêtes ici ne réponds pas à l’élargissement des connaissances, mais plutôt pour l’utilisation de ces résultats dans le but de maintenir l’ordre social, dont la collecte des données était pour devoir inspirer les gouvernements dans la mise au point de mesures de contrôle de cette masse misérable.
Les enquêtes renseignaient sur les conditions de vie et sur l’état « moral » des travailleurs et de leurs familles en Europe et en France en particulier, où l’objectif de ces enquêtes était à la fois d’obtenir – par l’instauration — des conditions favorables, une bonne reproduction de la capacité de travail et par mise en place de protection policière ou scolaire et la paix publique dans les banlieues des ouvriers.
Actuellement, sur l’utilisation des enquêtes, on remarque une domination anglo-saxonne. En effet, la tradition américaine est dominante dans l’utilisation des sondages d’opinions politiques.
La multiplication des enquêtes s’est accompagnée de la mise au point d’instruments, statistiques toujours plus raffinés, comme dans la production des instruments qui donnent des moyens supplémentaires aux faiseurs des enquêtes, dans les statistiques et l’informatique qui allaient devenir deux pieds sur lesquelles sont appuies les sociologues occidentaux pendant la période des années 50 et 60, et comme conséquence, il y a eu l’inflation des utilisations des enquêtes, d’une manière exagérée.
L’enquête n’est pas la seule activité pour rendre intelligible une réalité, elle serait tout à fait erronée de ramener la connaissance des réalités à des enquêtes. C’est seulement la partie invisible de la recherche en sciences sociales. En tout cas, l’utilisation des enquêtes nécessite l’adoption de certaines techniques :
1- L’observation :
Par technique d’observation, on entend les procédés de collecte des faits qui paraissent les mieux adoptés pour les chercheurs à l’objet de la recherche et l’objectif de la recherche.
Quand on dit « Observation », il s’agit concrètement de rendre compte de pratiques sociales, d’expliciter ce qui les oriente et ce qui amène les acteurs à leur donner du telle ou telle forme.
L’observation est une technique particulière qu’on peut comparer à une série de photographie, strictement légendée. C’est une gymnastique mentale et une technique de mémorisation et de schématisation qui ne s’excluent pas, mais qui sont plutôt complémentaires.
L’observation donc repose sur l’enchaînement de trois savoirs :
- Percevoir
- Mémoriser
- Noter
Elle suppose donc un va-et-vient permanent entre vos perceptions, leur explication mentale, leur mémorisation et votre journal de terrain. L’observation donc est une vigilance aiguisée par des informations de l’extérieur et des questions qui évoluent. C’est un outil alors de découverte et de vérification.
• Les caractéristiques de l’observation :
- L’observation doit être complète. C’est-à-dire qu’elle doit prendre en considération tous les faits qui sont susceptibles d’intervenir dans l’utilisation d’une hypothèse de travail et en rendre compte intégralement.
- L’observation doit être précise. Cette précision s’est facilitée de plus en plus par l’utilisation des statistiques dans les sciences sociales, à condition d’avoir à sa disposition un instrument adéquat.. Mais en tout cas, tous les faits ne sont pas quantifiables, et l’observation qualitative doit pouvoir compléter l’observation qualitative.
- L’observation doit être fiable. C’est-à-dire donner des résultats valides et fidèles. Une technique est fiable et fidèle, lorsque les résultats obtenus par un observateur peuvent être vérifiés par l’identité des résultats obtenus pare un autre observateur dans les mêmes conditions. On dit qu’une technique est valide lorsqu’elle permet de mesurer avec exactitude ce qu’elle est destinée à mesurer, où elle suppose donc une adéquation entre l’objectif de la recherche et l’instrument de celle-ci.
• L’objet de l’observation :
Elle (l’observation) entre autres de saisir les pratiques sociales par l’examen détaillé de la vie sociale.
• L’histoire de l’observation :
D’une manière générale, les premières tentatives d’investigation portèrent sur des objets éloignés des chercheurs dans le temps et dans l’espace social, la majorité des travaux avaient pour objet la population ouvrière.
A partir des années 60, on va constater que le champ des sujets étudiés se ressemble au comportement quotidien pour englober les activités de travail. On voit donc apparaître des études descriptives (monographiques).
Dans ces années là, on va insister sur la participation quasi-obligatoire des chercheurs à l’objet sur lequel il pratique la technique d’observation. En effet, il était recommandé de se socialiser dans le milieu qu’on étudie.
• Les conditions de l’observation :
En termes méthodologiques, on peut se poser la question sur les conditions pour mener une bonne observation, car on constate qu’il y a une difficulté du passage de la familiarité à l’altitude de l’observateur, c’est pour ça que :
1- Il faut trouver un équilibre subtil entre le détachement et la participation grâce à ce qu’on a déjà étudié à savoir la rupture.
2- Il faut aussi recourir à des qualités de disciplines qui exigent tout travail scientifique.
3- Il faut garder une faculté « d’étonnement » qui est une façon de maintenir la capacité d’étonnement éveillée (contre une grande familiarité au terrain).
• Les formes à donner aux informations collectées:
Dans ce côté, on se pose la question sur les formes qu’on peut donner aux informations collectées. C’est-à-dire, quelles sont les formes des données recueilles ? On peut les résumer comme suit :
1- La description détaillée de ce que l’observateur a vu, entendu ou senti.
2- Le comptage.
3- La chronique d’activités (Les activités qui passent en marge de l’observateur).
4- Le lexique de milieu observé.
Toutes ces informations recueillies par l’observateur n’ont d’intérêt pour l’analyse qu’à condition d’avoir été créées, notées et enregistrées de façon à être exploitables. Mais souvent les notes qui ne peuvent pas être situées sont difficiles, mais on peut noter des informations quand la situation le permet.
Toutes ces informations seront inscrites dans un journal de terrain qui contient :
1- Des notes descriptives : lieux - les personnes – un récit d’évènements et d’interactions – les réflexions personnelles - les impressions de l’observateur permettant de garder une trace du déroulement de l’enquête.
2- Des notes prospectives : Ce qu’on va faire après.
3- Des notes d’analyse : Dans lesquelles on note le déroulement chronologique des évènements et le schéma des différentes places occupées, comme on peut noter aussi ce que nous a choqué, nous a plu (l’analyse c’est expliquer).
Bien entendu, il y a des terrains plus privilégiés que d’autres, plus faciles que d’autres (les terrains clos, fermés et de petites dimensions). Mais, en fait, tous les terrains sont fermés, institutionnels.
Le choix de la technique doit être adapté aux terrains, sur les terrains a priori fermés, que ce soit pour des raisons institutionnelles ou autres. L’observation directe des pratiques est la plus efficace pour palier les défauts des méthodes fondées sur le requis du discours, sur les pratiques comme l’entretien ou le questionnaire.
D’une manière générale, l’observation directe est particulièrement adaptée ou enquêtée sur les comportements qui ne sont pas facilement verbalisés, ou qui le sont trop, et où leur risque de l’accéder qu’à des réponses convenues sur les pratiques non-officielles.
Cependant, l’observation rencontre de sérieuses limites, avec ce qui se déroule sur les temps très longs, et de manière diffuse. Poser la question de l’adéquation entre la méthode de l’observation directe et certains objets de recherche conduit à noter qu’on ne peut observer qu’une situation limitée dans l’espace et dans le temps.
• Les terrains de l’observation:
Le choix de terrain est fait à partir d’un critère de pertinence sociale (utilité pour la société) c’est ce que nous apportons au plus à la connaissance d’une question et à l’appréhension d’une situation.
Pour mener une observation, nous sommes face à 2 types de terrains :
- Les terrains familiers : Où nous risquons de ne rien voir par l’excès de la familiarité, dont rien ne nous surprend.
- Les terrains inconnus : On ne pourrait rien voir par excès d’étrangeté, et par manque d’informations.
Alors pour éviter ces difficultés, on va adopter la technique qui consiste à rendre familier ce qui est étranger, et rendre étranger ce qui est familier.
• Les types d’observation:
Il y a deux types d’observation : « l’observation participante » et « l’observation non participante ».
- L’observation participante ou clandestine : Dans ce type d’observation, l’avantage c’est qu’on est dans l’axe de la neutralité mais pose des problèmes de collecte de l’information.
- L’observation non-participante : Elle est plus facile dans la collecte d’informations mais il y a risque d’interférence.
Choisir un type d’observation revient à choisir un rôle social à occuper.
• Les limites de l’observation:
L’enquête reste quoi qu’on fasse une relation sociale qui exerce des effets sur les résultats obtenus. Tout le travail de l’enquêteur va consister à réduire ces effets, pour qu’ils ne créent pas une situation nouvelle, par le jeu d’interaction entre l’observateur et l’observé.
La trajectoire de l’enquêteur : Pour éviter ces difficultés, on pourra procéder par une auto-analyse, en s’interrogeant sur l’histoire personnel, pour mettre au jour ces propres catégories des perceptions de la réalité.
• L’analyse des informations qu’on a collectées:
Premièrement, on procède par une première lecture des notes de terrain, tout en séparant des notes descriptives et les essais d’analyse.
Deuxièmement, on fait un classement chronologique par thèmes.
• Le rapport de l’observation:
Introduction : Mettre à disposition du lecteur une description fine de sources et d’informations :
- Le terrain d’observation.
- Le temps de présence.
- La négociation de notre présence.
- Les étapes de notre recherche.
- Le déroulement de la recherche.
- La méthode employée.
- Les questions d’hypothèses de travail.
Développement : Dans le développement, on cite les arguments, les jugements sur lesquels on s’appuie pour expliquer. Par exemple utiliser certaines notions afin de justifier nos dispositions et nos idées (le misérabilisme : C’est éprouver un sentiment plus fort que la pitié ou la compassion / le populisme : utiliser la misère pour ses propres intérêts comme dans le discours politique).
2- : L’entretien :
L’entretien est une situation inédite de la vie sociale car c’est une interaction entre plusieurs individus qui ne se connaissent pas... Des personnes qui se rencontrent, parlent, discutent, souvent sans revoir.
Lorsqu’on mène un entretien, on est étranger au milieu de l’enquêté. Et cette étrangeté peut être productive dans la relation de l’entretien.
On quoi cette étrangeté est productive ? Seulement car vous n’êtes pas mêlés aux affaires de la famille, travail, voisinage... Vous êtes donc dans une position objective favorable pour recevoir ses confidences.
L’entretien comme technique de recherche est né de la nécessité des rapports suffisamment égalitaires entre l’enquêteur et l’enquêté, pour que l’interrogatoire ne se sent pas en train de donner des informations.
[L’entretien non-directif et L’entretien semi-directif]
• La spécificité de l’entretien sociologique :
L’entretien souvent réalisé à la demande de l’enquêteur et pour son bénéfice, c’est dans ce sens là que l’entretien se rapproche de l’interrogatoire policier, mais il se distingue aussi de ce qu’on appelle l’entretien thérapeutique.
• La spécificité de l’entretien par rapport au questionnaire:
La différence entre l’entretien et le questionnaire ne tient pas au mode de passation, à l’interaction enquêteur/enquêté mais surtout au statut accordé au discours. A priori, l’entretien laisse la possibilité à l’enquêteur d’organiser sa propre pensée (son propos à sa guise). L’entretien permet donc l’accès à la structure logique de la pensée de l’enquêté. En effet, le questionnaire ne permet pas cette possibilité, car il est préconstruit, il reflète donc la structure logique de la pensée de l’enquêteur. On ne fait donc des entretiens que lorsque on a besoin d’accès à la structure logique de la pensée des enquêtés. C’est une démarche (l’entretien) qui soumit l’interrogation à la rencontre, au lieu de la fixer d’avance.
• Les raisons de choix de l’entretien :
On choisit donc l’entretien car il est l’instrument privilégié de l’exploration des faits dont la parole est le lecteur principal, c’est-à-dire souvent des faits concernant :
- Le sens que les acteurs donnent à leurs pratiques, aux évènements dont ils ont été témoins, et aussi quand on veut mettre au jour les systèmes de valeur et les repères normatifs, à partir desquels ils s’orientent et se déterminent.
- Surtout pour ne pas seulement essayer de faire décrire, mais de faire parler sur.
- Pour l’analyse, l’enquête par l’entretien ne réponds pas au « pourquoi » mais davantage au « comment ».
Le choix de l’entretien dépend du sujet choisi qui dépend lui aussi du contexte de cette enquête.
• La conception de l’enquête par l’entretien :
1- La mise en œuvre d’une enquête par entretien suppose l’élaboration d’une problématique et des hypothèses.
2- Le choix de la population.
Souvent la définition de la population est incluse dans définition de l’objet, et c’est l’objet qui détermine la population, mais il y a nécessité de fixer des limites pour la population, ces limites peuvent se faire selon des critères d’âge, type de résidence... Tout dépend des hypothèses.
Dans tous les cas, la population est souvent de taille petite dans la réalisation des entretiens que dans les questionnaires, car il faut chercher un maximum de diversification des propos mais à partir d’un nombre restreint d’entretiens.
Le monde d’échantillage, l’échantillon doit être diversifié et reposé sur la sélection d’éléments non pas représentatifs, mais des caractéristiques de la population. En effet, la question de la représentativité statistique ne suppose pas à la différence du questionnaire.
• Des conseils pour la mise en œuvre de l’entretien :
Des conseils à prendre en compte lors de la réalisation de l’entretien :
- D’abord, ne jamais employer le mot « enquêter » ni « entretien ».
- Il est préférable de vous présenter tout simplement en disant : « J’aimerais bien discuter avec vous » et leur signifier que vous allez discuter avec eux un sujet qui les intéresse (le travail - logement…).
- Le plan (guide) : Pour mener un entretien d’une manière acceptable, il est nécessaire d’employer le guide de l’entretien, qui comprend à la fois le guide de la thématique de l’entretien et les stratégies d’intervention.
3- Le questionnaire :
Le questionnaire est une technique parmi d’autres. L’enquête par questionnaire n’est qu’un instrument d’investigation parmi d’autres, qui ne s’applique qu’aux objets facilement et aisément mesurables. Donc pour cela, on s’entraîne de deux techniques à savoir la technique qualitative et la technique quantitative.
Les techniques qualitatives n’ont pas un statut inférieur à celui des enquêtes quantitatives, les unes et les autres ne sont pas mutuellement exclusives. Rappelons donc qu’il n’y a pas de raisons de privilégier un instrument au détriment de l’autre.
Pour le questionnaire :
• Le type de données collectées :
Les enquêtes par questionnaire visent d’ordinaire à recueillir 3 catégories de données :
1- Des données factuelles qui se rapportent :
- Au domaine personnel des individus, par exemple : L’âge, le genre, la profession, le revenu...
- A leur environnement, par exemple : L’habitat, les loisirs…
- Au domaine de comportements : le temps qu’ils consacrent à telle ou telle activité…
Remarque : Le caractère objectif de ces données n’empêche pas que les réponses puissent être mensongères notamment la CSP, l’âge…
2- Les jugements subjectifs sur les faits, les idées, les évènements ou les personnes. Qu’ils s’agissent :
- D’opinions : C’est-à-dire une évaluation directe est mise sur un sujet (enjeu politique- innovation sociale, culturelle…)
- D’altitudes : C’est-à-dire les dispositions plus au moins profondément installées à l’égard d’objet ou de questions sociétales (les grandes options de la société, les valeurs morales…)
- De cognitions : C’est un terme scientifique qui sert à désigner l’ensemble des processus mentaux qui rapportent à la fonction de connaissance. Comme la mémoire, le langage, le raisonnement, l’apprentissage…
C’est-à-dire les indices du niveau de connaissance de divers objets étudiés par l’enquête. Cette rubrique présent une importance considérable dans la mesure où elle conditionne fortement le degré de confiance que l’on est en droit d’accorder aux réponses. Pour cela, il est important de vérifier si celui qui va répondre sait de quoi il retourne.
• Les critères des réponses fournies :
Les réponses fournies devront être envisagées selon 4 critères qui déterminent en quelque sorte les qualités attendues des répondants, ces dernières vont donc répondre de :
- La compétence de répondant : Est-ce qu’il est compétent pour répondre ? L’objet de questions lui est-il connu ? S’agit-il d’une connaissance lointaine ou proche, superficielle ou approfondie ?
- La compréhension de répondant : Comprend-il le sens des questions ? Est-ce qu’il maîtrise le vocabulaire utilisé ? Son état personnel lui permet-il d’y répondre ?
- La sincérité de répondant : Est-ce qu’il répond selon sa conscience ou il ment ? Sciemment ou non sciemment ?
- La fidélité de répondant : On s’interroge aussi si les réponses traduisent correctement en paroles ses sentiments véritables ?
• Le type des questionnaires :
On a deux types de questionnaires :
1- Les questionnaires d’administration directe : C’est-à-dire que la personne note elle-même ses réponses sur le questionnaire. On parle ici d’auto-administration.
2- Les questionnaires d’administration indirecte : L’enquêteur note les réponses que lui fournit le sujet.
• Les étapes de la réalisation des questionnaires :
Les étapes essentielles :
1- Définition de l’objet de l’enquête. Par exemple : une enquête sur la lecture au milieu d’étudiants (Quels étudiants ?).
2- Inventer des moyens des dispositions de la réalisation d’enquête (la durée, le budget, les personnes…).
3- Les recherches préalables ou exploratoires : Recherche de la documentation sur le sujet.
4- Détermination des objectifs et des hypothèses de travail (Que veut-on ? Quel est l’objectif de faire une enquête ?).
5- Détermination de la population ou l’univers de l’enquête (A quelle population les sujets à interroger doivent-ils appartenir ?)
6- La construction de l’échantillon (procédés des sondages à utiliser, taille de l’échantillon…).
7- La rédaction du projet de questionnaire.
8- Mise à l’épreuve du projet de questionnaire (le pré-test).
9- La rédaction du questionnaire définitif.
10- La réalisation matérielle de l’enquête : Dans cette étape, on aura à procéder à la surveillance ou le contrôle des enquêteurs, et à collecter les questionnaires remplis.
11- Le codage des questionnaires : à chaque questionnaire on va donner un code.
12- Le dépouillement (La classification des questionnaires).
13- L’analyse des résultats.
14- Rédiger le rapport définitif de l’enquête.
• Les questions de questionnaire :
Parmi les questions dont il faut s’interroger, on trouve :
Les questions principales ou les hypothèses.
Parmi ces questions, il faut d’abord s’interroger sur la forme des questions et l’ordre de succession des questions. Car, contrairement à certaines idées reçues, la rédaction d’un questionnaire est un travail qui nécessite des efforts, ça veut dire que, pour que le questionnaire puisse réussir il faut un travail qui dure dans le temps, et qui réclame beaucoup de soins et de compétences professionnelles.
• La formulation des questions de questionnaire :
La forme des questions est en interrogation, c’est le mode le plus courant. Cette interrogation peut être explicite ou implicite.
Explicite : Combien de ? Pourquoi ? Comment ?...
Implicite : Citez les raisons / Dites ce que / …
Chaque type des questions correspond à des besoins spécifiques dans l’enquête.
Les questions fermées :
Pour celles-ci, les réponses sont fixées d’avance, et le répondant doit obligatoirement choisir parmi des options qui lui sont présentées. Il s’agit ici du type le plus simple. On l’utilisera pour obtenir certains renseignements factuels, pour juger de l’approbation ou d’une opinion donnée de la position sur une gamme de jugements.
Exemples : Quel est votre état civil : Célibataire, marié, divorcé, séparé…
Lisez vous des périodiques rédigées en langue arabe : Régulièrement, occasionnellement, rarement, jamais...
La jeunesse actuelle, que vous semble-t-elle par rapport à celle il y a 10 ans : Beaucoup plus mûre, un peu mûre, également mûre, sans opinion...
Les caractéristiques de ce type de questions :
- Ce type de questions est celui qui se prête le mieux au dépouillement et aux statistiques. En effet, les réponses sont prévues, et on peut donc répartir les différents répondants selon les réponses qu’ils ont fournies.
- Ce type des questions présent le danger de dicter les réponses à l’enquêté, dans la mesure où il n’autorise aucune expression du nuance. Il risque donc d’orienter l’enquêté vers la réponse qui lui semble non pas la plus proche de ce qu’il pense (qui ne figure parmi les choix possibles), mais la plus conforme à l’attente des réalisateurs de l’enquête. On peut comprendre à partir de ce moment là, ce que certains peuvent tirer de ce genre de question majoritaire dans tous les sondages d’opinion.
Donc il y a une facilité et une simplicité pour celui qui est enquêté, mais aussi il y a un risque de celui à qui on pose la question d’avoir tort, mais en tout cas, ces questions garantissent un certain degré d’anonymat. Elles ne peuvent être utilisées que pour obtenir des informations précises.
Les questions ouvertes :
Pour celles-ci, les réponses ne sont pas prévues, et l’interrogé est libre de s’exprimer comme il l’entend.
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