Criminologie
Etude de la criminalité
Criminologie
Etude de la criminalité
Etude de la criminalité
La criminalité est
l’ensemble des infractions commises, au cours d’une période déterminée, dans un
Etat, ses devisions régionales ou un groupe d’Etats.
Quelques questions qui se posent dans le
cadre de l’étude de la criminalité :
- Est-ce que la criminalité existe dans
toutes les sociétés ou seulement dans certaines d’entre elles ?
- Quel est son volume ?
- Comment elle est structurée ?
- Les caractéristiques de la criminalité
est le fait du hasard ou de certaines causalités.
- Quelle sont les facteurs qui
influencent le phénomène ?
Pour répondre il faut trouver une explication générale de la
criminalité valable pour tous les pays.
I- Explications relatives à la
criminalité : On doit s’intéresser
aux deux explications : anthropologiques et sociologiques. Ferri a proposé une synthèse des deux orientations.
A- Les explications
anthropologiques : se
trouvent parfaitement dans l’œuvre de Lombrosso qui a construit la théorie du
« Type criminel » appelé ultérieurement théorie du « Criminel-né ».
a- La théorie du « Criminel-né » : Selon
laquelle il existerait un type de criminel avec des
traits caractéristiques bien définis qui s’expliqueraient par des causes
anthropologiques. A l’origine ces traits caractéristiques étaient uniquement des stigmates
anatomiques et physiologiques, par la suite Lombroso a attribué des traits psychologiques (insensibilité
psychique, violence, religiosité artificielle…).
b- Appréciation de la théorie du
« Criminel-né » : Lombroso a examiné
durant sa vie 383 cranes de criminels et 5907 délinquants vivants, il a compléter ses investigations sur les soldats
et les enfants des écoles. Cependant cette théorie est critiqué car :
- La théorie ne
recouvre pas l’explication de la délinquance dans son ensemble (Lombroso a
estimé le pourcentage des délinquants présentant le type criminel de 65% à
70%) ;
- Lombroso a complètement négligé les
facteurs sociaux de l’action criminelle.
B- Les explications sociologiques (Avant Ferri)
: On doit s’intéresser aux
explications de deux écoles :
L’école cartographique et l’école socialiste.
a- L’Ecole cartographique ou
géographique : a inventé la loi thermique de la
criminalité :
- Les crimes contre les
personnes prédominent dans les régions du sud et pendant les saisons
chaudes ;
- Les crimes contre les propriétés
prédominent dans les régions du nord et pendant les saisons froides.
b- L’Ecole socialiste : Selon Marx la criminalité est un sous-produit du capitalisme. Elle apparait comme
une réaction d’injustices sociales appelée à disparaitre ou à diminuer
fortement dans les sociétés socialiste.
C- Les
explications à l’époque Ferrienne : deux courants sont à distinguer :
+ Celui qui voit dans la criminalité un phénomène de normalité sociale, dominé par :
· L’école sociologique de Durkheim qui pense que le crime est un facteur de santé
publique, une partie intégrante de toute société saine.
+ Celui qui voit dans la criminalité un phénomène d’anormalité sociale, dominé par deux écoles:
·
Ecole du milieu sociale : qui pense que la criminalité est dominée
par les influences sociales. Représentée par Lacassagne qui pense que le milieu
social est le brouillon de culture de la criminalité, le microbe c’est le criminel.
Cette théorie attire l’attention sur les aspects sociaux de la délinquance mais
elle néglige trop les aspects individuels de la délinquance et elle n’explique
pas comment le milieu social peut agir sur la personnalité du délinquant.
·
Ecole de
l’interpsychologie : qui rattache la criminalité à des influences
inter psychologiques. Crée par Gabriel Tarde qui pense que chacun se conduit
selon les coutumes acceptées par son milieu (si quelqu’un vole ou tue, il ne
fait qu’imiter quelqu’un d’autre). Tarde a étudié les criminels professionnels,
il a relevé qu’ils ont un langage (argot) des signes de compagnonnage (tatouage) des règles corporatives (associations de
malfaiteurs). Tarde
pense donc que l’homme n’est engagé dans la voie de la criminalité que sur des
conseils, des suggestions et des influences psycho-sociales.
D- La
théorie d’Enrico Ferri : Dans son
ouvrage « la sociologie criminelle » il s’intéresse aux facteurs sociaux, tout en tenant compte
des facteurs biologiques.
a-
Contenu de la théorie : Pour
Ferri le délinquant est un être dont l’activité criminelle est déterminée par
une série de facteurs criminogènes qui se combinent selon la classification
des délinquants.
1- Les Facteurs criminogènes : Ferri distingue entre 3 sortes de facteurs : anthropologiques,
physiques et sociaux.
- Les
facteurs anthropologiques :
relatifs à la personne du criminel. On distingue trois classes :
·
Ceux qui tiennent à la constitution organique du
criminel ;
·
Ceux qui sont attachés à la constitution psychique du criminel
(anomalies de l’intelligence) ;
·
Ceux qui tiennent aux caractères personnels de l’individu
(sexe, âge, profession…).
- Les
facteurs du milieu physique (cosmo-telluriques) : Première type de facteurs exogènes : Le climat, les
saisons, les conditions atmosphériques, la production agricole…
- Les facteurs du milieu social : Deuxième type de facteurs exogènes : résultent du milieu dans
lequel vit le délinquant : densité de la population, état de l’opinion
publique et de la religion, constitution de la famille, système d’éducation,
alcoolisme, production industrielle….
2- La
classification des délinquants : Ferri
classe les délinquants en cinq catégories :
- Deux catégories de criminels prédominent
les facteurs anthropologiques :
·
Les criminels-nés présentent les caractéristiques du type criminel
de Lombroso. Pour Ferri le
criminel-né n’est pas forcément engagé au crime car des facteurs sociaux peuvent le prévenir.
·
Les délinquants aliénés sont délinquants en raison d’une anomalie mentale
très grave. Pour Ferri, le milieu social dans lequel évolue
l’individu n’est pas indifférent à sa délinquance (parmi tous les individus
atteints de la même affectation mentale, tous ne deviennent pas délinquants).
Ferri propose une individualisation de la sanction pénale axée sur la
neutralisation de ce type de délinquants (déportation perpétuelle ou
internement de durée indéterminée pour les criminels-nés. Les aliénés seront
enfermés dans des asiles-prisons ou détention perpétuelle).
- Trois catégories de criminels prédominent
les facteurs sociologiques:
·
Les délinquants
d’habitude : constituent une catégorie d’individu devenu délinquants
en raison des conditions sociales défavorables dans lesquelles ils ont évolué
au cours de leur enfance et de leur adolescence. Pour Ferri, les conditions sociales défavorables ne mènent à la
délinquance que si le sujet présente une fragilité constitutionnelle ou
acquise. (Neutralisation des délinquants d’habitude) ;
·
Les délinquants
d’occasion : représentent la part la plus importante des délinquants,
sont des gens qui ont commis un acte délictueux en raison des conditions
sociales défavorables. Pour Ferri :
mesures de réadaptation sociale (internement dans des colonies agricoles des
adultes pour les infractions graves et remise des mineurs à des familles
honorables) ;
·
Les criminels passionnels : sont ceux vers lesquels va toute la tendresse de
Ferri, il explique leur crime par l’action de facteurs occasionnels
déterminants sur une nature hypersensible. Pour
Ferri : simple obligation de réparation du préjudice causé à la
victime.
b- Appréciation de la théorie de Ferri : Pour juger la théorie criminologique de Ferri, il
convient de distinguer entre les analyses
de détails et la perspective d’ensemble.
- Les analyses de détails : ont données
lieu à deux séries de critiques :
·
La classification des facteurs criminogènes manquait de
rigueur : par exemple pourquoi la production agricole serait un facteur du
milieu physique alors que la production industrielle relève du milieu
social ?
·
La classification des délinquants a soulevé diverses
objections portant à la fois sur la réalité du criminel-né et sur l’opportunité
de faire du passionnel et de l’occasionnel.
- La perspective d’ensemble : Ferri a été le premier à montrer que l’action criminelle n’est
pas un phénomène unilatéral mais un phénomène plus complexe.
II - Type de société et de criminalité :
Selon Pinatel « A
chaque société correspond un type défini de criminalité », mais actuellement
les recherches sur la criminalité sont axées autour des différences suivant les sociétés malgré les recherches du Centre International de criminologie comparé
(C.I.C.C) à Montréal à Canada et l’Institut de recherches des nations-Unis sur
la Défense Sociale (.N.S.D.R.I) à Rome qui demeurent à leur début.
A- La criminalité dans les P.V.D : Les
statistiques criminelles sont souvent absentes ou ne sont pas fictives ou sont
gardées comme secret d’Etat. Toutefois les recherches effectuées pour
l’ensemble des PVD, régions ou certains pays ont permis de rassembler des
données. La comparaison de ces données montre l’existence de différencede
volume et de structure :
- La différence de volume : la criminalité
dans les P.V.D parait inferieur à celle des sociétés plus évoluées ;
- La différence de structure dans les sociétés
occidentales.Cette structure de la criminalité dans les P.V.D distingue
entre :
·
Une criminalité liée à
la civilisation traditionnelle ;
·
Une criminalité nouvelle engendrée par le début
d’industrialisation et l’urbanisation.
a- Criminalité traditionnelle des P.V.D
: Les statistiques criminelles
sont souvent absentes et lorsqu’elles existent, elles ne sont pas fictives ou
soigneusement gardées comme « secret d’état », elles sont
souvent défectueuses. La criminalité traditionnelle est Illustrer par
deux exemples : à l’époque coloniale et après l’indépendance.
1-
L’époque coloniale : Exemple
de l’évolution de la criminalité dans l’Algérie pendant la colonisation
française. La population est repartie en quatre groupes de point de vue
criminologique :
- La population juive : entrait en faible proportion dans les
statistiques criminelles (délit de fraude et de ruse) ;
- Les
immigrés Italiens et Espagnoles : qui étaient assez calme ;
- La
population Française : la criminalité ne différait pas de celle de la
métropole ;
- La population indigène et musulmane : criminalité algérienne
(Vols de bestiaux, coups de couteaux, égorgement, usage d’Arme à feu, viols,
mutilations nasales et génitales …)
2- Après l’indépendance : L’indépendance n’avais pas fait disparaitre la criminalité liée à la
culture traditionnelle des habitants qui est indirectement un facteur de la
criminalité.
b- Criminalité nouvelle des P.V.D : Trois formes nouvelles de criminalité existent actuellement :
- Une criminalité liée à l’’urbanisation ;
- Une
criminalité liée au trafic de drogues ;
- Une
criminalité liée au terrorisme et à la guérilla.
1- La
criminalité urbaine : Elle revêt
la forme d’une délinquance utilitaire caractérisée par des vols, agression sur
la voie publique, prostitution.
Trois variables expliquent
l’influence de l’urbanisation sur le développement de la délinquance :
- La détribalisation entrainant la dissociation familiale ;
-
L’inadaptation de l’enseignement produisant des déclassés sans débauchés ;
-
L’absence de loisirs organisés entrainant la formation de bandes.
Trois types de jeunes délinquants :
- Des jeunes désœuvrés de 17 à 18 ans accomplissant des délits contre
les biens ;
- Des jeunes occupants des emplois de service soumis à des pressions (commettent
des vols domestiques) ;
- Des
écoliers.
Le mobile qui caractérise cette criminalité est surtout le besoin lié
la misère et au chômage par opposition à la criminalité de perversion des
sociétés industrialisées. On parle de déviance de subsistance ou de déviance
nutritionnelle.
2- Le trafic de drogues : Ce trafic ne date-t-il pas d’aujourd’hui, il a pris une ampleur
considérable avec le développement de stupéfiants dans les pays occidentaux
(Etats-Unis, Canada et Europe occidentale) et la crise économique qui frappe
certains pays producteurs, notamment en Amérique Latine.
3- Le
terrorisme et la guérilla : L’une
des caractéristiques des PVD est l’ampleur des activités révolutionnaires et
des actes criminels.
C- La criminalité dans les pays
développés : Pour connaitre le volume et les traits caractéristiques (qui
caractérisent la criminalité) dans les pays développés on doit :
- Etudier la criminalité dans un pays déterminé ;
- Comparer la criminalité dans deux ou quelques pays seulement.
a- Le volume de la
criminalité dans les P.D : Ce volume est relativement connu grâce d’une
part aux statistiques officielles de la criminalité et d’autres part à l’emploi
des techniques de complément ou de substitution. Il se caractérise par deux
traits : il est élevé ou en augmentation constante.
1- Volume élevé : La criminalité
atteint un niveau élevé dans les pays européens, les PVD et les pays
socialistes (quelques pays font exception, le Japon et le Suisse). D’autres
parts tous les P.D n’ont pas un niveau élevé de criminalité (les USA arrivant
en tête et la France occupant une position médiane).
2- Volume en augmentation
constante : L’observation vaut pour tous les P.D sauf le Japon et le Suisse.
b- Les traits
caractéristiques de la criminalité dans les P.D : On distingue 7 types de
comportements délictueux :
1- La délinquance habituelle : Le vol, le
meurtre et les blessures volontaires, le viol, sont des actes délictueux de
tous les jours. Ces actes connaissent un accroissement important dans les P.D.
2- La délinquance juvénile : Connait
dans le P.D des formes diversifiées et une croissance considérable.
- Dans les années
50 : Il s’est formé des bandes de jeunes délinquants aux attitudes
agressives.
- Dans les années
60 : Formation de groupe marqués par le vagabondage collectif et l’usage
de drogues.
- Dans les années
70 : La violence politique s’enlever dans la plupart des P.D.
- Aujourd’hui : la
délinquance et l’inadaptation juvéniles revêtent des formes multiples :
Vol, violence politique, drogue, prostitution, agression, bandes, vagabondage.
On parle de « poly-déviances ».
3- La délinquance d’imprudence et de
négligence : L’homicide et les blessures par imprudence et négligence, ces
délits se multiplient considérablement dans les P.D. surtout dans trois
postes :
- Les homicides et
blessures entrainer par les accidents de la circulation ;
- Les accidents de
travail engendrant la mort ou des blessures ;
- les négligences
professionnelles portant atteinte à la vie ou à l’intégrité physique.
4- La criminalité organisée : Crime dont
la préparation et l’exécution se caractérisent par une organisation
méthodique :
- Gangstérisme aux méthodes violentes (Racket, prise d’otage…)
- Délinquance astucieuse (escroquerie, chantage, fraude informatique …)
- Exploitation des vices d’autrui (prostitution, drogue …)
- Crime en col blanc « White collar crime » ou criminalité
d’affaires.
5- La criminalité d’affaires ou «White
Collar Crime » : Il s’agit d’actes délictueux commis à l’occasion de
l’exercice de l’activité professionnelle. Cette criminalité est répartie en
trois types d’activités :
- Les atteintes à la loyauté dans les relations d’affaires
(escroqueries, abus de confiance, publicité mensongère, tromperie dans les
ventes, ..)
- Les violations des règles de la libre concurrence ;
- La violation des réglementations dirigistes économiques (prix, change
…), sociales (durée du travail, salaire) et fiscales (fraude fiscale, vente
sans facture...).
6- La criminalité sociale et
contestataire : Cette criminalité est l’œuvre de groupes professionnels :
paysans qui bloquent les routes, salariés en grève qui entravent la circulation
des trains empêchant l’accès des non-grévistes aux lieux de travail. … A côté
de cette criminalité sociale, il y a aussi la délinquance contestataire de
groupements et de rassemblements (les écologistes qui occupent les lieux de
centrales nucléaires en construction, s’emparent des locaux de radio ou de
télévision pour diffuser leurs opinions...)
7- Le terrorisme : Consiste dans
des actes de violence contre les biens ou les personnes inspirées par des
mobiles politiques. C’est l’un des aspects majeurs de la criminalité
occidentale contemporaine.
Les activités terroristes peuvent être classées en trois groupes :
- Le terrorisme à mobile indépendantiste ou autonomiste ;
- Le terrorisme d’extrême gauche à mobile anticapitaliste ;