Les Lois Fondamentales du Royaume de France
Les Lois Fondamentales du Royaume de France
« Le roi, impuissant à régner, vit sans gloire ». Vers 995, alors que Hughes Capet est roi depuis bientôt huit ans, l’historien Richer de Reims place cette phrase dans la bouche du comte Eudes Ier de Blois, l’un des plus turbulents vassaux du monarque. Ce constat sévère rejoint sur le fond l’inquiétude que l’une des grandes figures du temps, l’ Abbé Abbon de Fleury, exprime ouvertement au chapitre de sa Collection canonique consacré à la fidélité due au roi : « Puisque le ministère du roide prendre en charge les affaires de tout le royaume pour que ne s’y cache rien d’injuste, comment pourra-t-il pourvoir à de telles tâches sans l’assentiment des évêques et des grands ? ».
Il faut, selon l’abbé de Fleury, que les grands fassent ce qu’ils ne semblent plus faire : qu’ils témoignent au Roi avec respect (reverentia), l’honneur qui lui est dû en lui fournissant l’auxilium(aide) et le consilium (Conseil). Il y a, dans ce développement, tout à la fois la volonté de conserver intacts les fondements idéologiques de la royauté et le constat d’un déclin et d’une impuissance relative, tant du point de vue de la place du roi dans son royaume que sous l’angle de ses moyens de gouvernement.
L’échec Carolingien(751-987)est comparable au déclin des Mérovingiens(481-751).Les deux entités ne se débarrasseront ni de l’élection par les grands du royaume, ni d’une conception encore trop personnelle et patrimoniale du pouvoir
Hughes Capet, dans son accession au trône, ressemble, à deux siècles et demi de distance (751/987), à Pépin le Bref. Tous deux profitent de l’élection pour faire basculer le royaume d’une dynastie à l’autre. Ainsi, les Pépinides, famille des maires du palais ayant opéré son coup d’État, étaient devenues les Carolingiens. Ainsi, les Robertiens, famille qui occupe alternativement la titulature royale avec les Carolingiens, depuis le comte de Paris Eudes en 888, deviennent les Capétiens. Hughes comme Pépin, combine son élection d’un sacre maintenant bien ritualisé.
L’époque est néanmoins à l’affaiblissement du pouvoir royal par le système féodo-vassalique. On retient souvent cette réponse d’un comte au roi : « -Qui t’as fait comte ? et le comte de répondre : -Qui t’as fait roi ? ».
Le rôle de la royautéva donc être, pour les siècles qui vont suivre, de réaffirmer son pouvoir et par là le pouvoir de l’État. Cette affirmation du pouvoir s’illustre par une stabilisation progressive de ce pouvoir grâce à des règles et lois fondamentales qui viennent régir l’organisation de ce qui prend bientôt le nom de « royaume de France ». C’est l’affirmation de l’idée de Couronne qui permet cela, mais également la réglementation de la fonction royale en elle-même.